vendredi 24 mai 2013

Une escale à Haiti


Voilà un message qui aura longtemps attendu d'être publié sur ce blog...
Il relate les semaines qui ont suivies notre départ de Domonica, et surtout notre passage à Haiti.
Je n'ai pas eu l'occasion de le mettre en ligne immédiatement car nous avons enchainé sur un mois inoubliable à Cuba, où internet ne s'est pas encore immiscé.
Et puis, en jetant l'ancre aux Bahamas, nous nous apprêtions à reprendre contact avec le monde de la toile quand nous avons reçu un message intitulé "triste nouvelle", un message nous apprenant le décès brutal de mon papa...
J'aurais tant à dire sur lui, tant à dire à tous ceux qui nous ont soutenu durant les quatre semaines qui viennent de s'écouler, et qui je le sais continuerons de nous tenir la main tant que nous en aurons besoin... Mais ce n'est pas l'endroit, alors je laisse place à mon récit Haitien. Pour qu'il nous change un peu les idéés, qu'il nous rappel quelle aventure formidable nous avons vécu à bord de Callisto, une aventure que nous souhaitons poursuivre jusqu'au bout, jusqu'au Quebec, même si nous avons pris un peu de retard...

La plupart des photos sont restées à bord de Callisto mais j'en rajouterai à mon récit dès que possible !


Le 26 février nous quittons les Saintes et ses ruelles remplies de petites boutiques colorées, ses terrasses de café en bord de mer, sa quincaillerie et son épicerie fine. Les saintes sont un petit groupement d’iles qui font partie de la Guadeloupe, qui ressemble à s’y méprendre à un petit bout de France perdu au milieu de l’océan.  Va savoir comment autant de boutiques de maillots de bain et jupes en tissus traditionnels peuvent survivre dans un si petit périmètre, ca rappel un peu Cowes et ses boutiques de vêtements de mer haut de gamme tous les 15 mètres… Ambiance de station balnéaire donc, ca change de la Dominique ! Une fois Simon débarqué dans le village d’où il prendra un ferry vers la Guadeloupe, nous profitons d’une bonne connexion internet pour régler tout un tas de choses et décidons de tracer immédiatement vers le Nord. La route est longue devant nous et nous préférons passer notre chemin ici pour pouvoir passer plus de temps ailleurs...

Au nord de la Guadeloupe, la chaine d’iles qui forme les petites Antilles est encore longue. Nous faisons volontier l’impasse sur St Martin, St Barth et Antigua. Ces iles accueillent plutôt super yacht et touristes fortunés que petit voilier de voyage. Elles sont très bien équipées pour qui veut réparer ou se procurer du matériel spécialisé, mais ce n’est pas notre cas, et c’est tant mieux !

Plus à l’Ouest il y a Montserrat qui n’en fini plus de cracher de la cendre depuis une éruption volcanique qui a ravagé l’ile, Nevis dont on nous a dit du bien, St Eustache, Saba. Des iles moins construites semble t’il, plus tranquilles. On aurait aimé s’y arrêter un peu… mais décidons une fois de plus de passer notre chemin.
Ensuite la chaine des Antilles prend un grand virage vers l’Ouest. Les iles vierges Britanniques et Américaines marquent la transition des petites Antilles vers les grandes Antilles. A partir de là s’alignent les gigantesques iles de Porto Rico (Américaine), Hispaniola (qui est séparée en deux : République Dominicaine à l’Est, Haïti à l’Ouest), et Cuba. C’est dans cette direction que nous allons, avec le mois d’escales possibles. Nous avons un chargement de vêtements à livrer à Haïti, et espérons pouvoir prendre notre temps à Cuba.




La première escale sera donc St Croix, iles vierges américaines. Une navigation de deux jours, au portant, ca faisait longtemps !  Nous avons droit à un contrôle de routine depuis un avion qui nous survole à très basse altitude : immatriculation du bateau, dernière escale, prochaine escale, port d’attache, nom du capitaine, date et lieux de naissance… Pourquoi pas le groupe sanguin pendant qu’on y est ! Enfin il faut qu’on s’y habitue,  nous sommes en train de sortir définitivement des petites Antilles, ou tout était fait pour simplifier la vie des voiliers, pour rentrer dans un nouvel univers. Dans les semaines qui viennent, il va falloir prendre notre mal en patience avec les contrôles des douanes, des services vétérinaires, et de l’immigration, économiser l’eau potable et les provisions de nourriture… 

Nous retrouvons le rythme de la vie en navigation, les quarts de nuit qui débordent sur la journée, les heures solitaires sur le pont avec uniquement du bleu à perte de vue… Nous approchons de Ste Croix,  la carte montre un chenal d’entrée étroit, qui slalome entre les récifs à fleur d’eau et les ilots éparpillés un peu partout. Mieux vaut attendre que le jour se lève avant de nous lancer dans le chenal... Nous étions venus à Ste Croix pour faire du kite dans le lagon qui borde le nord de l’ile, la sœur de Simon et son compagnon y ont une école de kite. Mais il n’y a pas un pet de vent et on renonce au kite pour passer à la place trois jours à bricoler sur Callisto.

De Sainte croix nous mettons cap sur La République Dominicaine, qui occupe les deux tiers Est de l’ile Hispaniola. 300 miles nautiques à parcourir, toujours au portant. La météo prévoit très peu de vent et elle ne se trompe pas… Nous voyons passer Puerto Rico au loin, il fait chaud dans Callisto, les jours en mer se succèdent naturellement. Nous aimerions pousser jusqu’à Haïti sans escale en République Dominicaine, mais le vent ne se lève pas et nous n’avons ni l’envie ni assez de Gasoil pour faire face à une éventuelle grosse pétole.

Ici les officiels ont la réputation de facturer de manière assez arbitraire, on ne sait jamais pourquoi on paye ni  combien va directement dans leur poche…. Nous choisissons une marina toute proche de Saint Domingue, Boca Chica, en espérant que faire son entrée dans une marina et pas dans un mouillage limite le risque de se faire arnaquer. Résultat des courses on se fait arnaquer en beauté !! Obligés de payer 160 dollars américain, quasiment le double du tarif «officiel » déjà assez élevé. Après ça il ne nous reste ni l’envie ni le budget pour  visiter l’intérieur du pays... Pour leur défense, les officiels qui se sont succédés à bord de Callisto ont été sympathiques et ont fouillé le bateau suffisamment superficiellement pour qu’on n’ai pas à passer des heures à ranger après leur passage…

Tant qu’a y être on profite des rares avantages que procure la proximité d’une marine. On achète 80 litres d’eau potable en gros bidons en prévision d’Haïti et Cuba ou on ne pourra pas remplir nos cuves, et comme nous payons une bouée de mouillage, on nous donne une clef des douches : grand bonheur, une véritable douche avec de l’eau douce qui coule au dessus de la tête des qu’on ouvre le robinet… ca ne nous était pas arrivé depuis Paris, au mois de Décembre ! Bon il n’y a pas d’eau chaude, mais on ne va pas faire nos difficiles… Je crois que c’est à peu près le fait le plus marquant de notre escale en République Dominicaine, deux jours plus tard on décolle cette fois direction Haïti, en décidant de ne plus nous arrêter en route.




Les deux nuits en mer vers Haïti ont été sans lune, d’un noir presque opaque. Nous avons eu beaucoup de vent pendant les premières vingt quatre heures. Un ris dans la grand voile, puis deux, et nous l’avons finalement complètement affalée pour naviguer sous génois seul, dans une mer en désordre. La pointe Sud de l’ile d’Hispaniola s’avance loin dans la mer des Caraïbes, nous passons au large de l’Isla Beata, et de la frontière qui sépare l’ile d’Hispaniola en République Dominicaine à l’Est et Haïti à l’Ouest. Empannages à répétition, on roule le génois pour faire changer le tangon de coté, on prend et enlève les ris au gré des caprices du vent. Passé la pointe nous sommes protégés, le vent tombe et nous nous enfonçons doucement dans une pétole tranquille, la fin du trajet se fait à tout petits pas.

Nous approchons de l’ile à vache en fin d’après midi le jour suivant. 16 km de long, 8km de large, cette petite ile est située à la pointe Sud Ouest d’Haïti. La cote est d’une beauté incroyable, les petites collines se jettent dans l’eau, et les grandes plages de sable blanc semblent encore sauvages, on aperçoit tout juste quelques petites constructions colorées éparpillées ca et là sous les cocotiers… Une multitude de bateaux de pêche traditionnels naviguent à la voile. On aperçoit en face la cote d’Haïti, montagneuse, sèche.



 Nous sommes accueillis par une nuée de gamins et de jeunes hommes en pirogues. Ils s’accrochent au liston de Callisto et se laissent déhaler avec nous vers l’intérieur du mouillage, nous proposant déjà mille services dans un joyeux désordre. Le village de pécheur de Caicok vit au rythme du passage des voiliers de voyage, la petite baie très protégée et le cadre complètement féerique attirent depuis longtemps un petit nombre de plaisanciers en route vers Cuba ou ceux qui en reviennent. Loin du chaos qui semble encore régner à Port aux Princes après le terrible tremblement de terre, l’ile à vache est un monde à part. Et nous avons eu le privilège d’en découvrir quelques bribes durant les dix jours qui viennent de s’écouler.





Aussitôt arrivés, les gamins nous apprennent que le lendemain sera jour de marché au village de madame Bernard. Comme tous les lundis et jeudi, les gens se pressent de toute l’ile à vache pour aller s’y avitailler. C’est aussi là bas que se trouve l’orphelinat auquel nous devons livrer les vêtements confiés par Gonzague. Occupation toute trouvée pour le lendemain donc !
Malgré le soleil qui nous écrase, le trajet vers le marché est un vrai moment de bonheur. Pendant une bonne heure et demie nous suivons le chemin de terre principale, trouvant la route à suivre en repérant les mules qui rentrent déjà chargées de marchandises. On croise des gamins en uniforme de retour de l’école, «Bonjour,  t’as pas besoin d’un guide ? » et des femmes qui marchent seules ou en groupe avec bassines sur la tête et sacs de provisions. Les campagnes que nous traversons sont baignées dans l’agitation des jours de marché ; nos bonjours sont accueillis avec de grands sourires et quelques mots en français hésitants au milieu du créole locale. Les petites maisons sont souvent tordues ou penchées, traces du passage du tremblement de terre et des nombreux cyclones qui balaient l’ile au fil des ans. SANDY a fait des ravages ici l’été dernier… Malgré la pauvreté criante, les façades sont souvent peintes de couleur vives, on entend parfois de la musique sortir des ouvertures sans portes ni fenêtres. Un opeu partout cochons, chèvres et mules vivent leur vie du bout de leur corde, attachés à un arbre ou un piquet.


Une salle de classe vide, c'est les vacances !



Le village de madame Bernard s’étire au bord de la plage, le marché est approvisionné par des dizaines de bateaux à voiles venues de la ville des Cayes, juste en face sur le « continent » Haïtien. On arrive trop tard pour réellement admirer le spectacle, mais on voit repartir les voiliers, voiles en ciseaux, la plupart chargés à ras bord de passagers et de leurs courses. Il n’y a ni routes ni voitures sur l’Ile à Vache, les bateaux à voile et les mules servent au transport entre les  villages et les petites communautés éparpillées le long de la cote.
Apres quelques cafouillages dans la foule du marché et un peu plus de marche en plein soleil, on fini par trouver l’orphelinat Saint Joseph, tenu par sœur Flora. Ce minuscule bout de femme canadienne a adopté son premier bébé Haïtien en 1981, depuis elle a crée cet orphelinat qui nourrit chaque jour des enfants qu’on lui envoi de tout Haïti, et abrite aussi le dispensaire qui soigne une grande partie de l’ile à vache. Nous passons un long moment à écouter sœur Flora nous parler de ses protégés de sa toute petite voix calme. Une vingtaine des enfants qui vivent ici sont polyhandicapés et demandent une attention constante. Sans jamais rien demander, en donnant l’impression que de toute façon elle continuera d’avancer quoi qu’il arrive, elle nous parle de la difficulté d’avoir accès à certains médicaments, du manque de pluie qui assèche les réserves en eau potable, du financement public américain qui va bientôt être coupé. Les enfants sautent autour de nous, nous prennent la main. Nous prenons une bonne claque dans la tête, un peu ébranlés par tout ce qui nous arrive en pleine figure.
Le premier bébé adopté par Sœur Flora a maintenant 30 ans, il est marié à une française avec qui ils ont monté une association qui soutient l’orphelinat. Antony nous ramène vers le village de Caicok en bateau pays et nous transférons à son bord notre chargement : une vingtaine de sacs de vétements et du lait en poudre.



Il n’y a pas de représentation officielle sur l’ile à vache, pour faire nos formalités d’immigration nous devons nous rendre à la ville des Cayes, à une petite heure de bateau de Caicok. La plupart des voiliers de passage ne remplissent pas ces formalités, mais nous décidons de nous y coller histoire de ne pas avoir à baratiner l’immigration cubaine qui nous demandera d’où nous arrivons… C’est ce que tout le monde fait mais meme avec l’experience qui rentre, on reste super mauvais en baratinage…

Nous embarquons à bord d’un bateau pays à moteur au milieu d’une vingtaine de personnes du village, quelques bébés, des sacs de pomme de terre, des bouteilles de gaz, beaucoup de bruit et certainement pas assez de gilets de sauvetages ! On fait pencher la chaloupe en se mettant tous du même coté pour aider les dernières dames à monter à bord. Les silhouettes des bateaux de pèches à la voile que nous croisons dans la baie sont magnifiques. Arrivé aux Cayes notre embaration s’arrête à une vingtaine de mètres du bord, pas assez de fond peut être ? Tout le monde débarque dans une autre chaloupe plus petite qui cette fois nous amène à deux ou trois mètres du bord. De là on peut soit enlever ses chaussures et marcher dans l’eau, soit grimper sur le dos d’un porteur qui nous dépose à terre. Tout le monde à l’air d’être complètement habitué à ce joyeux bordel, on suit le mouvement au milieu d’une énorme cacophonie en créole!
On comprend à peine débarqués à terre que nous n’aurions pas pu nous en sortir sans guide. Cette ville ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Un quadrillage de rues très larges, une circulation extrêmement dense et complètement anarchique, des deux roues partout, des coups de klaxon dans tous les sens. Les batiments semblent tous prêts à s’émietter, mais les façades sont extrêmement colorées, l’ameublement de certaines boutiques semble tout droit sorti  du début du siècle dernier. Tout autour de nous, les gens parlent un créole dont nous ne comprenons pas un mot. Le manque d’hygiène est criant, à chaque intersection les caniveaux débordant d’eau noirâtre créent de petits cours d’eau qu’il faut enjamber. Un peu par hasard nous nous retrouvons à sillonner la ville à trois sur une moto taxi. La conduite ici ferait frémir le plus aguerri des marseillais, mais notre conducteur maitrise parfaitement la situation. Il slalome entre les deux roues et les pick-up surmontés d’habitacles multicolores qui servent de transport collectif. On se détend assez rapidement en regardant autour de nous : des familles entières s’entassent sur des motos qui slaloment a pleine vitesse, finalement trois sur une moto ce n’est vraiment pas tant que ça !


De retour sur l’ile à vache, le sentiment de calme et de sérénité que nous avions ressenti en arrivant est décuplé par notre expérience des Cayes. Chaque jour nous arpentons le village, nous goutons à cette vie simple qui semble ne tenir qu’a un fil. La plupart des hommes sont des pécheurs, au filet, à la ligne ou en apnée. Les bateaux partent tôt le matin et rentrent en début d’après-midi ; en fin de journée tous les hommes s’affairent à réparer leurs filets ou à en tisser de nouveaux. Les vieux se regroupent souvent sous les arbres autour d’un unique poste radio qui diffuse de la musique. Plusieurs d’entre eux me demandent en mariage, en me glorifiant d’immenses sourires auxquels il manque deux ou trois dents. Fou rires garantis… Les plus jeunes jouent au domino, au foot. Quand la nuit tombe le village est plongé dans le noir, il n’y  a aucune électricité sur l’ile. Depuis le mouillage on entend alors les voix des hommes qui palabrent ans le noir, et parfois le son d’une guitare.

Tout ce qui ne vient pas des arbres ou de la mer doit venir de la ville des Cayes. Le transport en bateau est couteux et les ressources financières quasiment inexistantes sur l’ile, résultat ici on manque de tout en permanence. Pendant 8 mois de l’année, quand les bateaux de voyage s’arrêtent à l’ile à la vache, le village de Caicok respire un peu et quelques dollars entrent contre une coque nettoyée par les ados, une lessive faite par les mamans, un repas préparé par les cousines, une petite bière chaude au bar de Jean-Jean, une visite guidée au marche ou aux Cailles. Le gouffre entre notre aisance matérielle et le niveau de vie des locaux est immense, au point qu’on se demande si nous devrions vraiment être là. Beaucoup de questions sans réponses nous trottent dans la tête. Sommes nous en train, par notre simple présence, de transformer ce petit village de pêche en un mouillage comme nous en avons vu tant d’autres dans les Antilles, où toute l’énergie des locaux est mise au service des plaisanciers, au point de déséquilibrer complètement le lieu, les savoirs faire, les rapports humains ? Les plus jeunes enfants semblent aussi perdus que nous de ce décalage, certain bateaux leur donne des objets ou des sommes d’argent sans rapport avec le niveau de vie de leur famille, au point qu’ils s’attendent à recevoir quelque chose de valeur des qu’ils voient un homme blanc traverser le village « donne moi un cadeau ». On fait de notre mieux pour ne pas cautionner tout ca, et nous laissons porter par les sourires, la gentillesse et l’envie de communiquer des gens. En fouillant Callisto à la recherche de ce qui pourrait être vraiment utile aux gens du village, on trouve tout un tas de petits trésors que nous troquons contre quelques fruits, des galettes de kasava locale, une lessive, des sourires de gamins. Piles, stylo, ligne de pêche, masque et palmes de plongée, cordes pour attacher les chèvres et vielles voiles sont parmi les choses les plus recherchées, mais aucune ne détrône LE cadeau suprême : le ballon de foot !
Malgré nos refus de leur donner du boulot, les gamins reviennent chaque jours, nous faisant sortir sur le pont d’un  « Hello capitaine » qu’ils n’hésitent à répéter une vingtaine de fois si nous tardons à sortir. Les pirogues s’agrippent au bateau et les conversations se ressemblent souvent. A force de partager nos tartines au moment du petit déjeuner et de distribuer des verres d’eau  et quelques douceurs sucrées à longueur de journée, on fini par sympathiser avec certains d’entre eux qui insistent pour nous montrer leur maison ou nous emmener cueillir des noix de coco dans le village avec eux.


Les bateaux de pêche à la voile amarés le long du village

Benoit en mission noix de coco avec deux enfants du village

Benoit sympathise avec le charpentier de marine Ashlom, son travail est magnifique. Scie à main, machette, et hache pour seuls outils, il construit des bateaux de pêche pour tout le village. Ici pas de niveau à bulle ni de mètres, tout ça se fait à l’œil ; un ciseau à bois ou un rabeau représente un petit trésor. Benoit fait le tri de ses outils et distribue deux ciseaux à bois, une râpe pour le bois et une lime à métal pour aiguiser les outils. Les jours suivants Ashlom nous remercie en montant à bord de Callisto les bras remplis de cocoyers (nom donne aux noix de coco ici). 



Au bout d’une dizaine de jours il est temps pour nous de repartir, déjà… Nous quittons le mouillage à la voile. Callisto glisse doucement hors de la baie sous un soleil écrasant. Quelques gamins nous interpellent par nos prénoms et nous souhaitent bon voyage depuis leur pirogue, on entend les chants de la messe monter du village. Les lumières sont magnifiques, le moment est magique. L’ile à vache nous apparait plus que jamais comme une petite pépite perdue en paix au milieu de l’océan. Pour nous le voyage continue, pendant que tout autour de Callisto les hommes de Caicok plongent encore et encore sous la mer pour nourrir le village…


Une des plages déserte de l'île à vache, où l'on peut passer une après midi seul au monde...

En route vers Cuba !!




dimanche 3 mars 2013

Dominica quand tu nous tiens


C’est la fin d’un mois que nous n’avons pas vu filer, une escale en Dominique qui s’est prolongée tout naturellement, au point que nous avons presque eu du mal à nous résoudre à quitter cette île. Il y a des escales dont on se souviendra, Dominica en fait partie ! Alors accrochez-vous, on a plein de choses à raconter...

A vrai dire en arrivant à Portsmouth (au Nord de l’ile) depuis Roseau (au Sud de l’ile), on ne s’y est tout d’abord pas senti très bien. On y a retrouvé l’atmosphère bien connue des baies qui se sont métamorphosées de manière à accueillir les voyageurs à voile. Une chaloupe nous accueille à plusieurs milles de l’arrivée pour nous proposer une bouée, dans l’heure qui suit une succession de boat boys nous a proposé 5 ballades avec guide sur l’Indien river ou ailleurs, de déposer nos poubelles à terre, quelques fruits frais, un service de lessive livrée au bateau, de quoi fumer, il parait que les hommes seuls se voient même proposer de la compagnie féminine… Dommage, nous n’avons besoin de rien de tout ca. Nos refus sont pris sans broncher et on nous laisse rapidement tranquille, mais ces échanges rapides sont les seuls contacts que nous ayons avec les gens du coin. Des hommes qui se lèvent avec le soleil et sillonnent la baie sans relâche tous les jours pour tenter de gagner leur croute, des hommes qui n’ont pas la tète à discuter avec les voyageurs de passage «juste comme ca, pour ne rien dire»… C’est un peu frustrant, on aimerait passer au delà de ces premiers contacts si peu naturels, on commence à se demander si c’est possible d’aller à la rencontre des gens ou si notre mode de voyage nous condamne à nous heurter à cette barrière. Nous commençons à comprendre plus concrètement pourquoi tant de voyageurs au long cours évitent de passer du temps dans ce coin du monde. Les Antilles croulent sous les voiliers de plaisance pour la plupart en quête de plaisir rapides le temps d’une location de deux semaines, un jour par mouillage et on enchaine. Ce besoin de services et de consommation a déformé les rapports humains, la rencontre entre voyageur de passage et gens du coin se réduit à une relation skippeur-boat boy, du business…

Bref, on ne vous refait pas le topo pour la cinquantième fois, à force de lire ce blog vous devez commencer à connaitre nos états d’âmes par cœur… Si nous avions attendu d’avoir assez de ressources pour acheter un bateau capable de nous amener dans un coin désert du Pacifique on serait encore plantés à Cowes à l’heure qu’il est, à la place nous avons choisi de larguer les amarres avec les moyens du bords, et nous nous retrouvons à sillonner les Antilles comme tous ceux qui ont fait le même calcul que nous… mais malgré ca nous sommes bien décidé à y vivre de belles choses !

Nous avons pris un peu plus de recul sur notre projet durant les mois passés en Europe cet été, et commençons enfin à comprendre que la clef est de prendre le temps, faire moins d’escales mais des escales plus longues… et à Portsmouth, nous avons finalement su laisser le temps aux choses d’arriver…



Au bout de quelques jours nous rencontrons Din qui rentre d’une chasse sous marine, il prépare ses poissons tout en nous décrivant ses gestes. Attention aux écailles empoisonnées de ce poisson a grosse bouche ; en créole on l’appel « vint quat’weur » parce qu’il vous déclenche une infection carabinée qui dure « vingt quatre heures ». Le contact avec lui est super sympa ; il prône un art de vivre en harmonie avec la nature, n’aime pas prévoir le déroulement de ses journées, préfère laisser les choses se faire quand elles doivent se faire. Il porte de longues dread locks et une barbichette entortillée sous le menton, un sourire franc et plein de gentillesse, Din est un rasta. Nous partageons des moments sympa avec lui à chaque fois que nous passons devant sa maison, et puis quelques jours plus tard il propose de nous emmener « on a journey » dans les collines tout la haut, dans les jardins de la Dominique. Cool ! 

Nous sortons de Portsmouth, empruntons la route des Cabrits vers le Nord, Din connait tout le monde, nous nous arrêtons tous les cinq minutes pour tchatcher sur le bord de la route. Il connait aussi chaque plante, chaque broussaille, et leurs vertus médicinales. Les cinq sens à l’affut, nous tentons de mémoriser le flux d’information qui se déverse sur nous. Et puis la route commence à monter et devient rapidement sérieusement abrupte. Din lance « and now, we will start challenging the hills », défier les collinesOk, pas de problème, on aime bien les défis ! Mais Din marche vite, vraiment tres vite, au bout de dix minutes de montée on abandonne l’idée de suivre son rythme et ralentissons franchement, au bout de vingt minutes je ne l’aperçois plus que dans les grands virages, au bout d’une demie heure nous l’avons tout simplement perdu de vue. Un pied devant l’autre, courage, il est midi, il fait trente dégrée, nous sommes en plein soleil, mon rythme cardiaque s’emballe mais je marche déjà aussi lentement que je peux, nous n’avons aucune idée de combien de temps il va nous falloir grimper comme ca, ni de si nous allons retrouver Din en haut… Benoit se cale sur mon rythme pour ne pas me laisser tomber mais je sens bien qu’il n’en mène pas large non plus (note du correcteur : « Comment ça tu sentais que j’en menais pas large non plus, je t’attendais c’est tout ! »). Je commence sérieusement à me demander si je ne vais pas m’assoir sur le bord de la route et attendre qu’ils redescendent, voir même me mettre en petite boule et espérer que mon corps roule de lui-même jusqu’en bas de la pente… Et puis enfin ça y est, on aperçoit Din tout en haut, il nous indique un raccourcis pour les dernières centaines de mètres, il affiche un grand sourire, visiblement en pleine forme ! Bon il nous rassure, c’est normal qu’on soit au bord de l’écroulement, on s’en est même pas trop mal sorti, lui il la monte depuis toujours cette colline, et il aime bien se lancer le défi de la monter le plus vite possible, apparemment tout est dans la tète…

Nous avançons le long d’une rivière, c’est le coin ou la grand mère de Din l’envoyait chercher des plantes, des fruits, des épices quand il était gamin. Ici pas de chemin balisé, nos pieds s’enfoncent sans prévenir dans des trous camoufles sous la végétation, nous sommes pieds nus pour éviter de glisser avec nos chaussures recouvertes de boue. Din repère en un coup d’œil l’arbre intéressant: celui dont l’écorce possède certaines vertues, celui dont la courbure ferait une belle table, celui qui porte des baies ou des fruits en été ; il nous explique qu’il est primordial de couper les arbres au bon moment du cycle de la lune pour éviter qu’ils ne se fassent attaquer par les verres et pour que le bois soit de bonne qualité… Et puis il annonce de manière complètement détendue qu’avant qu’on ne construise la route que nous avons emprunte pour monter, ce coin la était infeste de serpent, des gros boas. Ah ouai super dis donc ! Et ça fait longtemps que ça a change ? Quelques années à peine ? Ah bon ! Mouai, nous continuons à progresser dans la foret sans voir ou nous mettons les pieds, pas hyper à l’aise la Katia… En Dominique il n’y aurait aucun animal ou insecte venimeux, par contre les boa peuvent être gros comme ma cuisse et long d’une dizaine de mètres… Il parait qu’ils n’attaquent que si on les attaque, et pas si on leur marche dessus sans s’en rendre compte, bonne nouvelle !

Nous arrivons sur les terres de Din, il les a héritées de sa famille, son frère préfère vivre à la ville et les terres n’ont pas été exploitées depuis des années. D’ici peu il viendra y installer toute sa famille, il y fera pousser des fruits et des légumes, juste assez pour la consommation de sa famille et de quoi échanger à droite à gauche contre les rares choses qu’il ne produira pas lui même. Lui et sa compagne ont déjà trace les contours de ce que deviendra ce petit coin de paradis. Ca fera une bonne demi-heure de marche dans les collines pour attraper le bus scolaire tous les matins, mais comme il dit la marche à pied c’est bon pour les enfants !

La nuit est tombée depuis un bon moment lorsque nous arrivons au bout de cette ballade fascinante. Nous avons marche 8 heures, avec une vingtaine de kilo de fruits dans les sacs à dos, ramasses ici et la sur le chemin du retour. Je suis devenue assez bonne en réception de pamplemousse lancés par Din ou Benoit perchés en haut de l’arbre… Tout le long de la ballade nous nous sommes régalés de fruits gorgés de jus sucre, orange, pamplemousse, oranges amères, mangues, citrons… Din nous avait prévenus, pas besoin de pique nique, on trouvera tout ce qu’il faut en route !



De retour sur Callisto on se masse les mollets qui ont sérieusement chauffes, et on tombe de sommeil en se demandant comment on pourrait lui rendre la pareil pour cette journée géniale… C’est chose faite le lendemain, Din demande à Benoit si il s’y connait en mécanique. « Je ne suis pas un mécano mais je me débrouille, je vais jeter un œil ». Quelqu’un du quartier a donne un vieux hors bord de quinze chevaux à Din, il n’a pas démarré depuis au moins 7 ans, autant dire que les chances qu’il redémarre un jour sont assez minces… Mais parfois on ne sait pas pourquoi, tout se passe bien, et au bout de deux demi journées de boulot Benoit arrive à faire redémarrer la bête ! Din est super content, ca lui donne une motivation toute nouvelle pour enfin construire le petit bateau qui l’emmènera pécher, avec le quinze chevaux au fesses. Il a récupéré le fond d’une vielle annexe semi rigide dont le boudin avait fait son temps. Il pense lui faire construire un franc bord en fibres de verre, mais le boat builder local ne se presse pas pour commencer le boulot et le projet reste sans suite… Ca discute, Benoit suggère une méthode inspirée de celle qu’il a utilisée pour construire la Yole de mon papa cet été. Din est attentif, il est curieux et surtout ravi d’avoir l’occasion d’apprendre de quelqu’un qui s’y connait, on sent qu’il enregistre la moindre information. Au fil des jours la coque en plastique sors de plus en plus souvent de sous sa bâche, et finalement Benoit propose de construire le bateau.

C’est le début d’une belle histoire. Pendant deux semaines, nous passons toutes nos journées chez Din et Marva. Benoit construit le bateau. Din va cueillir des fruits à pain, des pamplemousse, des noix de coco, des papayes et concocte un nombre hallucinant de recettes différentes à base de tout ce qu’il trouve sur les arbres. Le tout cuit sur un feu de bois qu’il faut alimenter, alors la tronçonneuse est souvent de sortie pour aller couper du bois, et Din revient charge comme une mule. Je passe le plus clair de mon temps à discuter avec Marva, à jouer avec les enfants, à donner des coups de main sur le « chantier naval », pour la cueillette ou en cuisine.

Petits pains au feu de bois


Un des innombrables festins qui nous auront été servis

Un matin je suis restée au bateau pour préparer de la pate à pain quand un boat boy s’approche et me dit qu’un certain Simon m’appel depuis un autre bateau. Intriguée je monte dans l’annexe, et m’approche du bateau depuis lequel on me fait signe, un bien beau bateau d’ailleurs, un grand classique en super état, qui à y regarder de plus près me dit quelque chose… Le Blue Peter ! Le bateau sur lequel ma tante Sabine a traverse l’Atlantique cet hiver ! Simon, équipier du Blue Peter pendant la transat, a quitte le bateau depuis plus d’un mois et il est à bord complètement par hasard après avoir croise le bateau à Roseau. Double coïncidence rigolote, parfois les choses sont faites pour se passer ! Simon découvre le mini chantier en cours chez Din et Marva et propose de rester nous aider, il est menuisier et sa contribution au chantier sera très appréciée ! Il pose son sac à bord de Callisto, et passe une dizaine de jours avec nous !

Benoit et Simon au travail...



Trevor, un cousin de Din absolument adorable (ou peut être un cousin de Marva, on perd un peu le fil dans les arbres généalogiques à multiples ramifications qui caractérisent les familles Dominicaines),  nous fait visiter l’Université de médecine ou il travaille. Un vrai campus à l’américaine : à perte de vue des bâtiments suréquipés, des amphis derniers cris ou tout est informatise, une banque, plusieurs superettes, un bureau des douanes dédié à la réception des colis des étudiants, terrain de tennis et piscine… En cas de catastrophe l’Université serait autonome en eau et en électricité, une vraie petite ville en bordure de la ville, le contraste avec Portsmouth et ses maisonnettes faites de tôles et de bois est assez saisissant. Trevor nous indique que les étudiants viennent d’un tas de pays différents, une grande diversité culturelle !
Nous sommes tout d’abord assez impressionnés ! Je demande combien d’étudiants viennent de Dominique. « Cette année je crois qu’il y en a seulement trois ». Ah bon, et les étudiants qui sortent diplômés restent travailler dans les hôpitaux de Dominique au moins ? « Non non, les salaires sont beaucoup trop bas pour eux ici, dans les hôpitaux dominicains la plupart des médecins viennent de Cuba en fait » Ah bon, nous commençons à cerner un peu mieux le lieu… Le tout appartient à un business man américain, les frais d’inscription sont dignes des grandes écoles françaises  Les équipements médicaux sont plus à la pointe dans ces labos que dans les deux hôpitaux du pays, mais bien sur personne n’est autorise à venir se faire soigner ici… Nous apprendrons plus tard que le premier ministre est propriétaire d’une grande partie des terrains avoisinants, ou ont pousse des centaines de petits immeuble de logement loues aux étudiants. Un marché extrêmement juteux qui expliquerait pourquoi le gouvernement Dominicain accueille à bras ouvert cette Université qui ne semble pourtant aucunement bénéficier à sa population. Malgré cela, pas question de débloquer des fonds pour financer l’inscription d’élèves dominicain… Voila qui en dit non sur les intentions du gouvernement en place.  Avant la création de cette petite ville en marge de la ville, cet espace servait de jardin potager public, tous les habitants de Portsmouth pouvaient venir y cultiver ce dont ils avaient besoin pour se nourrir. Mais ca c’était avant. Désormais ces terres fertiles ont disparues sous le béton, et les habitants de Portsmouth doivent aller acheter leur nourriture dans des supermarchés. Désormais pour pouvoir se payer de quoi manger ils doivent travailler comme caissier pour ces même supermarchés qui leur vende ce qu’ils faisaient pousser eux même hier, il parait qu’on appel ca le progrès… Mais qu’on se rassure, un grand hôtel est en train de sortir de terre devant le mouillage de Portsmouth, ca va dynamiser l’économie locale, permettre aux habitants de venir travailler pour gagner de quoi manger tout en engraissant des investisseurs étrangers… Et devinez qui est propriétaire d’une grosse partie de l’hôtel, monsieur le premier ministre lui-même bien sur !

Din et Marva eux aussi ont vécu ce progrès, ils ont émigré dans d’autres iles des Antilles ou l’on trouve du travail et ont bosse dur pour gagner leur croute, s’acheter une voiture, des fringues cool. Et puis ils ont fait le choix de retrouver leur terre natale, et de se défaire de leur dépendance à l’argent. Redevenir indépendant, se défaire de ce qu’ils voient comme une forme d’esclavage moderne. La Dominique est un des rares pays que nous connaissons ou la nourriture abonde encore dans la nature, et ou l’eau potable coule sans fin de centaines de sources. Un pays ou il semble encore possible de vivre simplement, un pays où on peut vivre sans dépendre de personne d’autre. Mais cette liberté totale ne se préserve pas sans efforts. Au contact de cette famille nous prenons pleinement conscience de l’énergie qu’il faut déployer quotidiennement pour être en mesure de subvenir à tous ses besoins. Plusieurs personnes nous confirment que de moins en moins de dominicain ont la force de vivre comme les générations précédentes. L’exode rurale est en marche depuis longtemps déjà ici, les terres sont délaissées, les fruits poussent moins abondement. A certains endroits les arbres fruitiers sont étouffés par les mauvaises herbes faute d’être entretenus, à d’autre la terre s’intoxique à coup de pesticides envoyés par les Anglais pour accélérer le nettoyage des terrains avant la plantation. Des produits extrêmement toxiques qui sont interdits en Europe mais que la Patrie Mère (La Dominique fait partie du Common Wealth de la couronne Anglaise) s’autoriserait apparemment à employer ici, loin des yeux de ses consommateurs avides de bananes en quantités industrielles.

Les derniers jours passent à vitesse grand V. Benoit et Simon s’activent pour terminer leur ouvrage et le bateau a de plus en plus de gueule chaque jour. Toute la ville semble s’être donné le mot que Din se fait construire un bateau et les curieux défilent toute la journée. Les matériaux disponibles ici et les techniques utilisées par les boat builder locaux ne permettent pas un boulot aussi net, on voit toutes les têtes se hocher d’un air admiratif : « This is a proper job you are doing, nice work ».
Toute la famille s’active pour être sur que le jour J nous partirons les bras charges d’un maximum de choses. J’aide Marva à récolter un sac entier de noix de coco, qu’on ouvre à la machette, qu’on râpe, dont on extrait le lait en pressant la chair dans de l’eau, qu’on fait bouillir pendant des heures pour finalement obtenir de l’huile. Din revient d’une de ses missions bois avec deux magnifiques branches qui vont bientôt devenir des « rod », des bâtons de marche traditionnels qu’il va décorer pour nous en les marquant avec du fer chauffé dans le feu. Petits et grands creusent les calebasses pour en tirer un jeu de verres et de plats qui viendrons remplacer la vaisselle en plastique de Callisto. Marva s’attaque à mes cheveux pour la deuxième fois, elle a failli ouvrir un salon de coiffure il y a quelques années, et je comprends pourquoi : elle natte mes cheveux en un clin d’œil, me faisant même la surprise d’y inscrire les initiales K.B. sur le cote gauche, la grande classe…

Attention aux coups de soleil...


Calabasses décorées par Din et Benoit

De retour de la ceuillette

La râpe a noix de coco super grand format, 
il faut bien ça quand on voit le nombre de noix de coco 
qui passent entre les mains de Marva chaque jour...

Nous repartons avec un grand pot de "Seasoning" façon Din, 
de quoi agrémenter tous nos petits plats en un clin d'oeil...


La veille du départ, la journée n’est pas assez longue pour tout ce que nous voulons en faire, la nuit est déjà tombée quand nous partons pour la dernière fois « on a journey » dans les collines. Simon est épuisé et ne sera pas de la partie. Comme pour boucler la boucle c’est à nouveau Din Benoit et moi qui empruntons la route des Cabrits, et défions la colline en quête de tout ce que nous trouverons de juteux et sucre à fourrer dans nos sacs à dos. Cette fois ce n’est plus le soleil qui nous brule la tête, mais la lune quasiment pleine qui nous montre les fruits dans les arbres… De retour sur la plage c’est l’heure de la mise à l’eau. Din a voulu faire ça au clair de lune, discrètement juste entre nous. Le moment est émouvant, nous mettons le hors bord de notre annexe à l’arrière du bateau qui a tout juste fini de sécher et lançons la bête dans la baie. Apres un dernier « Bush Tea » partage autour du feu, il est trois heures du matin quand nous glissons vers Callisto. Quatre petites heures de sommeil avant de décoller vers la Guadeloupe ou nous devons déposer Simon qui reprend un avion vers l’Europe.


Une partie des kilos de fruits que nous embarquons a bord

Cette fois il ne manque plus que la peinture...


Nous avons pris une belle leçon de vie auprès des gens formidables que nous avons rencontrés ici… De quoi nous amener à réfléchir sur notre mode de vie, à remettre de l’ordre dans nos priorités, et nous donner envie de profiter à fond des mois de liberté qu’il nous reste à vivre à bord de Callisto !
Nous mettons désormais cap sur Haïti, et prévoyons uniquement quelques étapes rapides sur la route. Notre ami Gonzague a récemment eu quelques soucis et nous avons proposé de récupérer un chargement de vêtements qu’il devait emmener à un orphelinat la bas... La Dominique est déjà loin derrière nous, environ 240 milles nautiques au Sud Est. Nous sommes arrivés il y a deux jours à St Croix, Iles vierges Américaines. 

A bientôt pour d’autres nouvelles du bord !

samedi 26 janvier 2013

Au bout de quelques temps au marin, il semble se produire toujours la même chose : on commence à péter un plomb ! Ca nous était arrivé l’année dernière alors qu’on préparait Callisto pour la saison des cyclones, et ca nous est arrivé à notre retour cette année alors que nous attendions patiemment que nos voiles rentrent de la voilerie. Ahh le marin, une escale technique très utile, mais un lieu qui a tendance à vous faire oublier les rêves de voyage à mesure que vous vous empêtrez dans le quotidien de ce mouillage gigantesque… ce n’est pas ce que les marins en voyage ont engendré de mieux… Des qu'on croise des copains de mouillage les mêmes mots ressortent « Le Marin, on voudrait tous l’éviter mais on fini tous par s’y retrouver tôt ou tard, sans vraiment savoir pourquoi… » Il faut dire qu’on trouve de tout ici, une voilerie, plusieurs "chandleries", des supermarchés, un café internet, des boites aux lettres à la marina, des copains de passages… Et d’ailleurs c’est bien eux qui nous ont aide à  passer un moment ici, les copains ! On a retrouve Raph, en solo sur son arpège : ses dessins, sa musique, ses recettes de pain indien… cette année il est en train de monter une batterie dans la cabine avant de son petit bateau, pour accompagner ses morceaux de guitare. Il nous rappel tout ce qu’on peut faire dans la vie quand on prend le temps de se consacrer à ce qu’on a vraiment envie de faire. On retrouve aussi Gonzague et Carole, encore en train de penser à changer de bateau, Gonzague prend le temps de filer un bon coup de main à Benoit pour réparer notre moteur d’annexe qui fait toujours des siennes, merci !
Le jour de Noel nous retrouvons finalement Jean Marc et Mama. Longues soirées à se raconter ces derniers mois, à débattre ardument de tout un tas de sujets qui comptent, et bien sur à parler bateau… le leur est à vendre… Nous partons en mission kite surf avec Jean Marc. Depuis Sainte Anne, juste à cote du Marin, on peut facilement se rendre à Cap Chevalier, là ou nous avions pris des cours l’an dernier. Gros progrès pour Jean Marc et pour moi, le spot est vraiment top pour les débutants il faut en profiter. Un jour on tente une session kite depuis Thorsson, le bateau de JM et Mama. Pas besoin de plage, même quand on se sait pas remonter au vent on peu se permettre de perdre du terrain sans s’en faire, le voilier suit le kite surfer et vient le récupérer au moment venu, le pied ! Bien sur une des lignes se prend dans le moteur de notre annexe au moment de récupérer Jean Marc et c’est la fin de la session… A mon avis dans le niveau blanc du brevet de kite surfer il devrait y avoir un truc du genre "reste patient quand les lignes se retrouvent en gros tas de noeuds impossible a demeler". Un truc à refaire sans fautes en tout cas (sans le gros tas de noeuds...) !! 



Jean-Marc et Mama sur leur superbe 38 pieds, Thorsson

Préparation du kite a l’arrière de Thorsson

Finalement, quelques jours après un nouvel an passé assez inaperçu, nous récupérons nos deux voiles et décidons que nous n’avons plus de raisons de rester au Marin. Nous levons l’ancre pour la première fois depuis de long mois, et il nous démange d’aller retrouver Raph à Carriacou dans les Grenadine. Mais réflexion faite nous ne pouvons pas aller trop loin, on annonce un bon coup de vent et nous devons récupérer Vincent, le frère de Benoit, en Martinique le 9 Janvier. Ce sera donc direction Sainte Lucie, juste au Sud de la Martinique. Nous avions fait l’impasse sur l’ile l’année dernière. Nous sommes super excites de naviguer à nouveau, et péchons un petit barracuda à notre première tentative (conseil de Jean Marc, toujours mettre deux lignes en même temps !). Comme on l’avait imaginé, Sainte Lucie croule un peu sous le tourisme de masse, et ca se ressent jusque dans les rapports avec les locaux dans les mouillages, on se sent pris pour des portefeuilles sur pates et avons du mal à échanger le moindre mot sans que cela tourne en une occasion de nous facturer un « service » imaginaire… On n’est pas hyper fan de l’ambiance mais essayons de profiter du cadre sublime d’un mouillage aux pieds des pitons. Premiers bains de l’année dans une eau vraiment très claire… 


Trois mino de Soufriere venus grappiller ce qu'ils peuvent auprès des plaisanciers,  ils sont repartis avec une de nos casquette.

Les fameux piton de Sainte Lucie





Le 6 Janvier le coup de vent annoncé arrive, et nous voila coincés dans le mouillage le plus au Nord de Sainte Lucie, Rodney Baie, un vrai petit Disney Land pour touristes. Heureusement, le petit bar du pseudo parc naturel de Pigeon Island est plutôt sympa, on aura même droit à un concert de jazz inattendu. Certains musiciens semblent assez connus, peut être sont ils dans le coin à l’occasion du festival de Jazz de Bequia ? Nous n’y connaissons pas grand-chose mais apprécions la musique et l’atmosphère!! 



Le 10 Janvier le vent semble s’être calmé un peu, Vince nous attend déjà en Martinique depuis la veille et nous décidons de nous lancer dans le canal qui sépare les deux iles. Vingt petits milles à parcourir, en temps normal ça nous prendrait 4 à 5 heures à peine. Mais quand il s’agit de remonter les Antilles du Sud vers le Nord rien n’est jamais si simple... Il faut naviguer quasiment face au vent, et aujourd'hui ce sera avec des creux de trois a quatre mètres et 25 nœuds de vent établis. Le vent forcit pas mal dans les grains, nous obligeant à garder deux ris dans la grand voile, on se retrouve un peu sous toilés le reste du temps et devons régler les voiles en permanence pour garder la puissance nécessaire pour passer les vagues. Exactement ce à quoi on s’attendait, on se fait bien rincer mais il fait chaud, et on est content. De quoi confirmer que Callisto a la patate, et que nous sommes plus que jamais prés à avaler des milles ensemble ! Juste sous notre vent, un petit groupe de globicéphales croise notre route (petites baleines au nez arrondi), quelques instant plus tard ils ont disparu mais nous découvrons un banc de dauphins au ventre tout rose juste de l'autre cote de Callisto, un petit moment de bonheur offert par dame nature...
Nous prenons un peu de repos des qu'on commence à être protégé par la Martinique, moins de houle, moins de vent. Nous gagnons 30 dégrée de cap en quelques heures, et commençons à reprendre espoir d’arriver au Marin plutôt que de devoir remonter jusqu’à Fort de France.

Le lendemain de son arrivée, Vince a rendez-vous à Cap chevalier pour un cours de kite. Alain, le prof de Kite, est devenu un ami depuis l’an dernier et après quelques Rhum sur la plage nous finissons par aller diner chez lui le soir même. Le cadre est magnifique, Alain et sa compagne nous servent du marlin fraîchement pêché avec une sauce noix de coco. Les fruits de la passions sont près à être cueillis dans leur jardin, on repart avec quelques provisions... 


La plage de Cap Chevalier

Bientot a l'eau !

Dejeuner au p'tit resto "Le Cocotier", produits et recettes locales, bonne humeur assuree

Nous louons une voiture pour faire découvrir à Vince le Nord de la Martinique. Direction l’anse couleuvre. On avait eu la chance de s’y mouiller avec Callisto par une journée particulièrement calme l’an dernier ; cette année la houle de Nord est en place et le mouillage tranquille s’est transformé en rendez-vous des surfers ! Le cadre est sublime, nous posons deux hamac sous les cocotiers et passons une nuit aux sons de la foret tropicale, pas toujours très rassurante mais vraiment fascinante…

Merci a Clémentine et Mama pour les deux hamac, au top !





Rigolo mais pas tres efficasse pour recuperer des noix de coco,
on a fini par les ramsser par terre, comme tout le monde...

Au réveil nous chaussons nos chaussures de marche et partons faire un petit tour dans la foret tropicale, la ballade mène à une petite cascade. Nous sommes à la fin de la saison des pluies, on croise beaucoup plus de fleurs que nous n’en avions vues l’an dernier…


Callisto seul au monde l'annee derniere devant l'anse couleuvre







Benoit et moi commençons à avoir des fourmis dans les pieds à force d’être en Martinique, Vince se laisse volontiers guider, c’est décidé nous mettons cap sur la Dominique pour la suite de son séjour avec nous ! Une ile qui nous fait rêver depuis le début de notre périple…






DOMINICA

En arrivant au mouillage devant Roseau après une courte nav. de nuit depuis le sud de la Martinique, nous pensions y passer une journée et une nuit. Le temps de faire les formalités d’entrée dans le pays auprès des douanes et de flâner dans les rues de la capitale avant de caboter vers le Nord de l’ile. Et puis finalement… il y a eu l’accueil de Pancho sur sa chaloupe colorée, venu nous proposer une bouée de mouillage. Pancho nous a d’abord souhaité la bienvenue, nous a demandé si la nav. s’était bien passée, il a rigolé, il nous a indiqué un endroit où laisser notre annexe, il nous a dit que si on n’avait pas de sous sur nous on pouvait payer la bouée avec une bouteille de rhum, et que de toute façon on verra ca plus tard… le changement est radical par rapport aux autres iles ! Il y a eu cette eau si claire qu’on voit tous les détails du fond malgré les 20 mètres de profondeurs sous le bateau… il y a eu ces petites maisons au bord de l’eau, faites de trois fois rien mais ou les gens du coin semblent vivre tellement paisiblement… Il y a eu les rues de cette capitale remplies de musique et de couleurs, ces sourires et ces « Good morning, how is it going ?» à chaque personne croisée entre le mouillage et le centre ville…  Finalement nous sommes reste amarrés à la bouée de Pancho pendant 6 jours, et n’avions pas vraiment envie d’en partir. 



Devant le mouillage



Le centre ville de Roseau




Poncho nous a proposé une rando guidée, il parait que la Dominique offre les plus belles randonnées des Antilles, ca fait des mois qu’on y pense alors malgré le prix assez élevé on se lâche et acceptons l’offre. Rendez-vous est pris avec d’autres « yacht people » à 9 heures le lendemain matin, sur le petit ponton ou nous laisserons notre annexe. 40 minutes de trajet dans un taxico conduit par le guide, ca monte et descend fort, première vitesse obligatoire, ca tourne dans tous les sens. L’intérieur de l’ile est une succession de volcans endormis recouverts de la végétation la plus luxuriante qu’on aie jamais vue. Le guide nous indique ca et là des cascades qui semblent débouler de nulle part dans le loin. De temps en temps le taxico s’arrête et le guide remonte avec une touffe d’herbe qui embaume le citron, un morceau d’écorce de cannelle, un bouquet de feuilles de sauges, il nous indique des plantations de café et nome les différents arbres fruitiers.  On atteint la cote atlantique, ca continue de monter. 
Victoria falls, nous allons remonter une des nombreuses rivières de l’ile jusqu’à une cascade (on raconte qu’il y aurait 365 rivières en Dominique, une pour chaque jour de l’année… comme d'habitude je crois tout ce qu'on me dit sans sourciler, mais Benoit précise qu'il y en aurait en fait 200). Finalement la rando est plutôt courte, pas vraiment de quoi faire travailler les gambettes… mais ça valait quand même le détour ! A cinq reprises nous traversons la rivière. De l’eau jusqu’en haut des cuisses, en cherchant du bout du pied les pierres sur lesquelles marcher. On abandonne vite l’idée de garder son short sec, et on avance pieds nus, les chaussures de marches attachées autour du cou. Petit à petit les rochers à enjamber deviennent des rochers à grimper et les mains se tendent pour s’entraider dans les passages difficiles. Bien sur les frangins Quemener n’ont aucun mal à se hisser de rocher en rocher, mais d’autres dans notre groupe n’ont plus 30 ans et garderons surement en mémoire une matinée un peu sportive. La foret tropicale est impressionnante, la rivière chargée de souffre coule blanche dans un vacarme qui vient se meler aux bruits de la foret. A l’arrivée nous nous jetons avec bonheur dans le grand bassin de la cascade. 








A l’arrivée de la ballade, l’oncle de Pancho tient un petit resto rasta. Dans le « Rastaurant » tout provient des arbres et du petit potager qui entourent la cabane : depuis les plantains, patates douces, fruit à pain et lait de coco du plat unique, jusqu’aux calebasses dans lesquelles cette soupe rasta nous est servie. La soupe est cuite sur un feu de bois, l’eau de la cascade est pompée par un système de bélier, la seule trace d’équipement électrique est un ordinateur portable relié à des enceintes, parce que la bande de rasta qui évoluent autour de ce lieu ne pourrait quand même pas se passer de reggae !! L’après midi notre guide nous emmène dans les hauteurs de Roseau nous baigner dans des eaux de sources chaudes. Dans ce parc naturel, on a installé des baignoires percées dans les lesquelles l’eau chaude coule en continue. Un vrai bain, qui reste chaud à l’ infini… quel délice !

D’après ce que nous avons pu en voir lors de notre passage trop rapide, l’économie touristique locale se base sur ce tourisme vert, qui met en avant la connaissance que les gens du coin ont de leur île  de ses plantes et de ses rivières. Une bonne partie de la Dominique est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Le gouvernement gère plusieurs parcs naturels qui sont entretenus et balisés grâce aux recettes des tickets d’entrée et à des subventions internationales. Apres ce que nous avons pu voir sur d‘autres îles voisines, nous sommes  conscients que la préservation de cette nature et cette simplicité dans les rapports avec les habitants ne tient qu’à un fil. 



Petit clin d'oeil à Seb, Benoit a essaye de faire comme toi mais en beaucoup moins classe...


Le lendemain nous partons tous les trois à la recherche d’un bus public pour nous amener à proximité d’un autre départ de rando. Nous sommes contents de soutenir l’économie locale en faisant appel a un guide, mais on se dit aussi qu’il doit bien y avoir moyen d’aller se balader sans devoir débourser des fortunes ! Ce jour la c’est « jour de paquebot », plusieurs fois par semaines d’énormes paquebots de croisières viennent déverser leur milliers de passager, qui ont quelques heures pour « découvrir » l’ile. Nous arrivons en ville au moment du débarquement, et sommes étourdis du changement d’ambiance. Le centre ville s’est métamorphosé : des vendeurs de souvenirs sortent de chaque recoin, un périmètre est délimité par des barrières tout autour du ponton d’où débarquent les passagers. Plusieurs douzaines de chauffeurs/guides homologués s’entassent derrière les barrières et interpellent les touristes. Bien évidement nous sommes incorporés à ce cirque et interpelés toutes les deux minutes. On tourne en ville pendant un petit moment, le flot de passagers débarquant du paquebot ne faiblit pas, une véritable marée humaine qui ensevelis la ville et transforme tous les rapports humains en un schéma simple : si tu es blanc c’est que tu as de l’argent et que tu veux voir des cascades rapidement et sans te fatiguer, je vais te donner tout ce que tu veux en échange de tes dollars. Par curiosité on demande un prix à un des chauffeurs pour nous déposer à Laudat, 150 dollars ! Une petite fortune, tout ca pour 15 minutes de bus !! Le mec essaye même de nous convaincre que nous n’avons pas d’autre solution, qu’il est déjà tard pour partir en rando, ca nous prendrait trop longtemps de nous y rendre par nos propre moyens, ca ne serait pas facile… Nous finissons par trouver l’endroit ou les locaux attendent le bus public, et sautons dans un taxico quelques minutes plus tard. Pour 10 dollars par personnes, le chauffeur fait un détour pour nous déposer devant le départ de la rando, et propose de passer nous prendre au même endroit en fin d’après midi pour nous ramener en ville…

Le troisième jours, nous nous joignons à des voisins de mouillages pour une autre rando guidée. Bambou nous emmène au boiling lake, 6 heures de rando qui mêle foret tropicale et paysages complètement inattendus. La rando nous emmène vers le cratère d’un volcan dans lequel se jettent plusieurs cours d’eau chauffés par le souffre jusqu’à former un lac en ébullition constante. Sur la route nous nous baignons dans des sortes de baignoires naturelles ou l’eau est juste assez chaude pour être agréable, plus on avance plus l’eau est chaude, au point qu’en traversant les derniers cours d’eau on fait bien attention à ne pas glisser un pied dans l’eau : l’eau boue littéralement.


On appercoit au loin la fumée du lac
De l'eau bouillante s’échappe d'entre deux caillou sur le chemin
Une des baignoires naturelle dans laquelles nous
prenons un bain chaud en plein milieu de la  rando

La vallée de la désolation, soudain plus rien a voir avec la foret tropicale...

Baignade dans "titou gorges" a la fin de la journée.
On s'engage dans une  sorte de grotte qui mène a une première cascade,
en la franchissant on accède a une deuxième cascade qui se déverse dans la première...
L'eau est très froide mais l’expérience assez géniale !

Le jour suivant est un samedi, jour de marché à Roseau. On décide d’aller faire le plein de produits frais avant de mettre finalement cap au nord de la Dominique. Sur le chemin nous croisons Bambou, notre guide du « boiling lake », il commence par se moquer de nous pour aller au marché si tard, apparemment tous les fruits les plus frais seront déjà partis. Il est à peine 8 heures du matin et on commence à se demander à quelle heures les gens se lèvent ici… D’après Bambou on a vraiment mal choisi notre jour pour quitter Roseau : d’une on n’a pas encore eu l’occasion de boire un coup avec lui (il a du oublier le Rhum punch dégusté dans un petit bar sur le bord de la route en rentrant de rando, tout le monde a eu le droit à un petit verre, y compris le chauffeur), et de deux cet après-midi va avoir lieu la cérémonie d’ouverture du Carnaval ! Un carnaval en plein mois de Janvier, ca aussi ca nous parait un peu précoce mais on le croit sur parole… et décidons de rester encore un peu à Roseau !
Le marché est superbe, les étales sont tout ce qu’il y a de plus simple mais les fruits et légumes sont magnifiques, et les vendeuses prennent le temps de nous expliquer comment préparer tel ou tel fruit inconnu. Comment se fait t'il qu’en Martinique on ne trouve que des tomates vertes à tendances oranges et sans gout alors qu’ici le marché regorge de tomates bien rouges et délicieuses ? Même chose pour les bananes… Il semblerait que la quasi totalité des plantations de bananes martiniquaises sont de grosses exploitations subventionnées et dédiées à l’export, au point qu’il ne reste presque plus de petites plantations ou on laisserait les fruits murir avant de les vendre aux gens du coin sur les marches… cherchez l’erreur…
Aujourd’hui pas de livraison de touristes par paquebot, Roseau est tout à ses habitants et aux rares touristes chanceux dont nous faisons partie. Les chars du carnaval commencent à arpenter la ville en début d’après midi. Les rues se remplissent d’une foule de plus en plus opaque à mesure que les heures avancent. Toute la jeunesse de Dominique semble s’être donné rendez-vous autour des enceintes des deux camions de queue qui vibrent au rythme d’une sorte de ragga. La poignée de musiciens qui font bouger la foule semblent être des stars nationales. Le genre de moments complètement inattendus comme on les aime !! On arrose ca de quelques rhum histoire de se mettre dans l’ambiance et suivons le cortège qui remonte la rue principale et commence à sortir de la ville. Au bout d’un moment les chars ont disparus et seuls restent les deux camions de queue ; nous arrivons à l’entrée d’un stade transformé en lieu de festival. On commence à avoir bu un ou deux rhum de trop, mais n’avons aucune envie d’en rester la ! Mine de rien on se retrouve à acheter des tickets, bracelet en papier autour du poignet on s’enfonce dans la foule à l’intérieur du stade. La soirée commence par une cérémonie d’ouverture de la saison du carnaval avec défilé des aspirantes au titre de miss Dominique, discours du ministre de la culture et tout le tralala. S’en suit un gros concert de raga en plein air. On renonce à imiter les déhanchements suggestifs des jeunes autour de nous mais passons quand même une soirée au top. Nous avons la sensation de partager un moment cool avec cette foule souriante, complètement fondus dans la masse malgré le fait que nous sommes probablement les seuls personnes blanches de peaux aux alentours…







Nous devons redescendre vers la Martinique à temps pour que Vince attrape son avion à Fort de France. On l’aurait bien garde avec nous Vince, ces deux semaines sont passées a vitesse grand V et il s’est fondu dans le petit espace de vie qu’offre Callisto comme si de rien était !

Dernier mouillage martiniquais pour Vince, qui aura enfin croise une ou deux tortues avant de retrouver le froid de l’hiver !



Le compte à rebours a commencé pour atteindre le Canada au printemps, mais nous avons quand même décidé de retourner en Dominique avant de poursuivre notre chemin. Nous nous sommes rarement senti aussi bien accueillis lors de nos escales et avons envie de voir plus de ce pays qui nous a laisses complètement sous le charme... Nous espérons pouvoir passer un moment plus au Nord de l’ile.