lundi 17 décembre 2012

De retour en martinique...


Ohh mon batoooo, oh c’est le plus beau des bateaux !

Quand Jean Marc nous dépose en annexe sur Callisto, de nuit et sous une grosse pluie tropicale, on a encore du mal à se projeter dans ce qui nous attend…  Mais ça y est, cette fois c’est du concret, nous avons retrouvé notre Callisto, notre maison, notre chez nous !!

Avec tout ce que ça amène de petites galères et de grands bonheurs quotidiens, nous reprenons des habitudes presque oubliées au cours des ces derniers mois passés en Europe. Est-ce que je mets mon maillot de bain ou un short normal ce matin ? Tu te souviens ou on avait rangé les palmes en partant ? Voila les questions existentielles qui remplissent désormais nos journées, le changement de rythme est radical !

La gazinière a du mal à reprendre du service alors les repas des premiers jours sont limités à des ingrédients qui se mangent cru et qui ne nécessitent pas de frigo, autant dire pas grand chose… Benoit a déjà démonté le hors bord de l’annexe au moins trois fois, ça marche ça marche pas, ça marche ça marche pas… alors pour déposer les voiles à la voilerie, commencer l’avitaillement, aller chercher nos outils et tout notre matériel de valeur stocké à terre, Benoit rame en long en large et en travers dans la baie du marin. La bôme, la capote, les filières, le panneau solaire, l’électronique sont à nouveau à poste. Nous avons récupéré nos amarres dans la mangrove et remonté nos deux mouillages avant de quitter le trou à cyclone… chaque jour Callisto retrouve un peu plus son allure habituelle, et l’envie d’aller naviguer nous démange un peu plus ! Patiente, nous avons encore pas mal de boulot avant de pouvoir décoller…

On en oublierait presque les 8 mois que nous venons de passer en Europe… Un été hors norme !! Avec ses coups de mou dus au fait de flotter d’un logement à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une vie à l’autre sans savoir ou se poser… mais surtout avec ses grands moments de bonheurs ! Accueilli par nos familles et nos amis qui ont supporté nos incertitudes de programme sans broncher…
L’objectif était de remplir la caisse de bord, c’est fait ! En prime nous fait le plein de tout un tas de choses qui nous permettent de repartir avec une envie et une motivation au plus haut !

Un grand merci à tous ceux qui nous ont aidés à passer ces quelques mois en douceur, dans le sud de la France, en Bretagne, à Paris, sur les bords de Loire, à Cowes,  en Namibie … Un petit récit de ces quelques mois en images, comme quoi il n’y a pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour se trouver dans des paysages sublimes ! Je réprime un envie de chanter « douce France, cher pays de mon enfance… » de peur de me faire jeter par-dessus bord par Benoit, mais le cœur y est !

Bises à vous tous !


vendredi 30 mars 2012

Alala Les Grenadines...

Cela fait des semaines que ce blog n’a pas été alimente…  Je pourrais mentir en prétextant toutes sortes d’ecuses, mais la réalité est tout simplement que nous avons été bien trop occupés pour prendre le temps d’en parler !! Aller, pour le coup on vous arrose de photos !

Une fois arrive de ce cote-ci de l’Atlantique, la vie ralentie… Assumant malgré nous notre qualité de touristes de passage, nous avons pu gouter aux ingrédients principaux de la recette du bien vivre a l’Antillaise, et on s’y fait plutôt bien ! Si les images qui suivent vous donnaient l’envie de venir y passer un moment, sachez qu’il vous faudra apprendre à aimer le reggae ou le ragga qui détonne à chaque coin de marché et depuis chaque autoradio ; apprendre à vous protéger contre l’alternance de chaleur étouffante et de soleil écrasant qui tape sans compromis des que le ciel se dégage ; apprendre à succomber avec modération aux tentations du Rhum sous toutes ces formes et à toute heure ; et apprendre à sourire comme à rire sans retenue si vous voulez vous fondre dans le paysage... Ici même les dauphins semblent se mouvoir plus tranquillement qu’en Europe, preuve qu’il n’y a besoin d’aucune substance illicite pour se mettre au rythme local ! 

A l’arrivée de notre Transat à la Barbade, nous découvrons que des paquebots de croisières déversent chaque jour entre 1500 et 3000 passagers. Un tourisme de masse qui fait vivre l’ile tout en la détruisant, mais qui n’altère pas la joie de vivre des locaux. Nous n’avons pas passé assez de temps dans l’ile pour découvrir plus qu’une succession de villages hôteliers qui bordent toute la cote Sud-Est, difficile d’apercevoir un bout de la cote qui ne soit pas construit ou couvert de transat ! Nous avons passé des moments super avec nos amis de Canel, mais comme eux nous n’étions pas mecontents de nous échapper de ce mouillage ou les jet ski s’octroient la priorité sur les tortues et semblent tous raffoler des virages secs à répétition à quelques mètres des voilier.

Directions les Grenadines, une grosse centaine de milles plus a l’Ouest. Nous partons sous des grains généreux, et après les 2000 milles qu’on vient d’avaler, cette navigation nous parait trop courte pour que ca vaille la peine d’attendre la fin des nuages ! Au fil des heures le ciel se dégage, et nous faisons tranquillement route au portant vers cet archipel qui promet des paysages magnifiques, certains des fond sous marins les plus beaux de toutes les Antilles, et une multitude d’iles éloignées le plus souvent de quelques milles seulement… De quoi nous donner envie d’avancer !



En arrivant sur l’ile de Bequia, nous avons vite réalisé qu’ici le tourisme le plus massif émane… des  plaisanciers !! Le mouillage d’Admiralty Bay abrite une multitude de voiliers de voyages venus d’Europe, des Etats-Unis et du Canada, et un grand nombre de grands catamarans de charter. Pas besoin de constructions hôtelières pour accueillir tout ce beau monde, nous sommes tous de passage avec notre maison sur le dos ! Mais le commerce local ne s’est pas laisse intimider si facilement, et tout un tas de service aux plaisanciers sont proposés par des locaux qui sillonnent la baie sur des bateaux à moteur,  proposant tout ce qui fait le bonheur d’un voileux au mouillage : pain frais, eau douce, glaçons pour ceux qui ont un frigo, mais aussi gasoil, service de laverie, langouste ou poisson du jour… Ici on trouve plus facilement certaines choses en restant à bord de son voilier au mouillage qu’en allant le chercher en ville !






Malgré tout ce monde, Bequia semble avoir gardé tout le charme qu’elle avait dans les souvenirs de mes parents, qui y sont passés il y a plus de 20 ans. Récompense de quelques heures de marche en plein soleil, nous savourons des moments de calme dans des paysages sublimes. Nous avons la sensation d’être arrivés « de l’autre cote » pour de vrai, et une pointe de satisfaction nait a l’idée que le vent aura poussé notre Callisto de Cowes jusqu’ici… ca vaut bien une glace deux boules à la terrasse d’un des cafés qui bordent la baie !






Nos amis Paolo et Paola nous rejoignent à Bequia le 19 Mars. Fraichement débarqués d’une Rome sous la neige, ils sont blancs comme des poulets et disposent de dix jours pour y remédier ! On ne perd pas de temps pour mettre tout ce petit monde cap au Sud, nous avons 7 jours pour caboter d’iles en iles jusqu’à Carriacou ou nous échangerons de cargaison pour recevoir une invitée de marque… ma frangine, Mademoiselle Clémentine Merle en personne !

Les Paoli sont des voileux, et ils ont déjà navigué dans les eaux antillaises, pas grand-chose à leur apprendre de ce cote la ! Nous partageons tous une certaine envie de nous en mettre plein la vue… alors direction les Tobago Cays ! Par ici les iles bordées de sable fin éparpillées au beau milieu d’un lagon aux eaux turquoise, par la les tortues et les raies… Bien sur on n’est pas les seuls à avoir vu les photos aériennes sur les carte postale, et il y a autant de monde qu’à Porquerolles en plein mois d’Aout ! Et oui, en ce moment bizon futé voit rouge sur les Grenadines, mais, pas plus que quiconque autour de nous, nous n’avons  le choix de revenir à un autre moment, alors on est fairplay et on partage ! On croisera Mirabella V en rentrant dans le lagon, et poserons notre ancre à cote d’un Wally 100’ (pas trop prêt quand même, on passerait une décennie à rembourser un accros sur une coque pareil !), décidément les Tobago Cays c’est la class ! A propos du dîner, Paola sait ou elle va : elle négocie sévère avec le vendeur de langouste ambulant, et quelques heures plus tard nous voila en train de déguster deux énormes spécimens avec une sauce au beurre à l’ail et une salade des caraïbes à base de racines locales. Les carcasses des pauvres bestioles finiront en bisque (soupe de poisson) le lendemain… Presque meilleur  que les langoustes elles mêmes ! 

Apres 5 minutes de négociations ardues...


Un iguane croise dans la foret

La pause pour un petit clein d'oeil aux collegues de boulot
(dont Paolo fait partie) ...


 Apres l’agitation des Tobago Cays, nous tentons notre chance dans un mouillage de l’ile de Union, qui a la réputation d’être miraculeusement épargné par les voiliers de charters. Lorsque Callisto fait son entrée dans Chatham Bay en fin d’après-midi, nous comprenons vite que nous allons y être heureux ! Un calme surprenant règne dans cette grande baie qui est encaissée entre deux collines, une dizaine de bateaux au mouillage (ce qui est très peu pour les Grenadines !), des tortues autour des bateaux, et des pélicans stoïques sur leur branche d’arbre, tellement imperturbables qu’on pourrait les toucher de la main. Des rastas tiennent quelques installations sans prétentions sur la plage ou l’on peut manger du poisson au BBQ et de la nourriture locale en sirotant du Ti-punch sur fond de reggae… Pour rejoindre la route il faut emprunter un sentier qui grimpe tout en haute d’une des collines, il n’y a pas de bus qui desservent la baie. Pas vraiment simple d'accéder à Chattam Bay, ni de s’en échapper, à moins d’appeler un taxi ou de marcher 1 heure à pied. Mais ca ne semble pas être un souci pour grand monde : les cahutes de la plage sont avitaillées par bateau, et au final on n’a tout simplement aucune envie de sortir de Chattam Bay une fois qu’on y est entré !



Le bar de Mister Pleasure, auto-proclame "king of Chatham"

Paolo, Tim et Benoit autour du BBQ sur la plage

Carriacou, ou nous avons donné rendez-vous à Clémentine, et ou nous laisserons les Paoli prendre un ferry vers les derniers jours de leur vacances, appartient à Grenade (un pays qui comprends principalement les iles de Grenade, Carriacou et petite Martinique). Apres avoir rempli à Union les formalités de sortie de St Vincent / Les Grenadines (en nous rendant a Clifton depuis Chattam Bay à pied), il nous faut remplir les formalités d’entrée dans Grenade, qui sur l’ile de Carriacou ne peuvent se faire que dans la ville de Hisborough… Vous me suivez ? Vous inquiétez pas, nous aussi on s’y est un peu perdu au début… mais à force d’enchainer les aller et retour entre ces deux pays, on fini par suivre la procédure les yeux fermes : Immigration, douanes, un même formulaires à remplir systématiquement, des listes d’équipage dont on finirait presque par connaitre par cœur les numéros de passeport, et une série de taxes à payer à chaque fois aux différents bureaux, avec surtaxe le week-end ou après 17 heures... la plupart du temps il suffit d’envoyer le capitaine faire les formalités pour tout le monde, et heureusement Benoit adore la paperasse (…)





 On fait une fois de plus la queue au bureau de l’immigration pour avertir du changement d’équipage, abreuvons la Clém d’un jus de Goyave bien frais, et c’est parti pour un petit coup de rame dans la mangrove de Tyrell Bay au sud de Carriacou. Bon il parait que Clémentine rame beaucoup mieux que moi, je profite de cette fenêtre d’expression pour préciser que cela ne m’atteint pas, et que dans le futur, je laisse volontier Benoit et elle ramer pour moi…






On a fait miroiter à Clém pas mal d’images de rêve, et il va falloir faire un peu plus que la mangrove de Tyrell Bay pour l’impressionner… A quelques milles de là, nous nous arrêtons au mouillage devant Sandy Island, qui porte bien son nom et a tout de la petite ile déserte paradisiaque des cartes postales. On commence à causer ! Mais comme pour faire mentir nos récits de débuts de séjours aux Grenadines idylliques, il se met à pleuvoir des trombes d’eau sans discontinuer pendant 24 heures…  Heureusement  qu’avant que le ciel ne nous tombe sur la tête, nous nous sommes offert un superbe «snorkling ». Poissons multicolores à profusion, algues et plantes sous marines de toutes sortes de formes, plusieurs immenses raies majestueuses sur fond de sable blanc… En sortant de l’eau nous échangeons pendant un long moment à coup de « et t’as vu l’espèce de tube de toute les couleurs sur le reef la bas, c’était incroyable ! » Ca méritait bien le masque et le tuba tout neufs de la Clém !





Les dernieres heures de notre jambon des canaries...

Nous ne résistons pas à l’envie de faire découvrir Chatham Bay à Clémentine. Apres une magnifique navigation bien ventée et sous le soleil, nous y arrivons en fin d’après-midi. C’est l’heure ou les oiseaux pèchent, et ils nous offrent un spectacle magnifique. Ils passent à quelques mètres de nous comme si nous n’étions pas là, puis s’élancent avec une maitrise ahurissante au ras de l’eau, avant d’y plonger à pleine vitesse, et d’en ressortir quelques mètres plus loin, donnant l’impression d’avoir continue leur course sous l’eau sans sourciller. Je surprends Clémentine en train de remercier les oiseaux, les poissons, les arbres pour le spectacle qu’ils nous offrent, et je n’en pense pas moins ! Baignades avec les tortues et observation des pélicans de très près, des moments qui font plaisir à partager...


Je crois que j'etais assez contente !!




Avec son statu de femme non accompagnée, Clémentine attire les faveurs du meilleur cuistot de Chatham, avec qui nous passons de super moments. Tim cuisinera sur son temps libre sa meilleure salade de langouste, offerte par la maison ; il sait que nous cherchons un endroit sur pour laisser Callisto pendant l’été, et nous propose de veiller sur le bateau lui-même ; il remue ciel et terre pour nous faire faire le tour des mouillages de l’ile qui servent d’abris à cyclone... Nous lui offrons une conserve de magret de canard et une de foie gras, en lui donnant peut être un peu trop de détails sur le contenu pour qu’il n’affiche une réelle envie d’y gouter… Des moments vraiment sympa qui nous aurons permis de voir Union sous un autre angle ! Une chose est sur, si vous passez dans les Grenadines, ne manquez pas de vous arrêter à Chatham Bay, et d’aller dire bonjour pour nous à Tim et son frère Jerry au « Jerry’s palm leaf » bar ! 







Décidément Clém semble nous porter chance : en sa présence nous trouverons les Tobago Cays beaucoup moins fréquenté que lors de notre premier passage avec les Paoli, l’eau y est aussi plus claire et les tortues moins apeurées par le surplus de curieux. (Un lagon protège toujours de la houle mais, par manque de relief au dessus de l’eau, il n’offre souvent aucune protection contre le vent. Lorsque le mouillage est très venté la mer y devient agitée ; le sable est tellement fin qu’il reste en suspension, donnant l’impression que l’eau est trouble…).







S’en suit une escale a Clifton, ou nous croisons plusieurs bateaux stoppeurs qui continuent leur périple depuis les Cannaries, toujours à la recherche de voiliers en direction de l’Amérique du Sud.
 Une longue navigation nous attend le lendemain pour descendre sur Grenade, réveil à 7 :00 pour faire les formalités de sortie du pays au plus tôt… suivi d’une longue attente devant un bureau des douanes vide, pour finalement s’entendre dire que l’homme de la situation est parti dans la ville d’à cote pour la journée et qu’il faut se rendre à l’aéroport pour effectuer les formalités de sortie…. Cote efficacité des formalités, on commence à connaitre le mode d’emploi : 95% du temps tout se passe bien, mais de temps en temps ca peut s’apparenter à essayer de récupérer un colis perdu dans un bureau de poste marseillais un mercredi après-midi, sans avoir le numéro de référence… Dans le doute, il vaut mieux être systématiquement propre sur soi, poli, et patients (ce qui, selon les circonstances, ne coule pas de source), si les questions supplémentaires commencent à se mélanger au discours habituel, il vaut mieux tout approuver sans commentaire (on évitera à tout prix le « mais votre collègue m’a dit que »), et en dernier recours on peut toujours afficher un léger air de soumission pour radoucir l’ambiance…  Une fois Benoit de retour de l’aéroport, nos tampons de sortie en poche, nous mettons cap sur Grenade, d’où Clémentine reprendra son avion le surlendemain après dix jours à bord. En dehors du cadre exceptionnel, nous aurons comme toujours partagé des moments super, un grand merci d’avoir fait le voyage jusqu’à nous !


Nous ne verrons pas beaucoup de celle qu’on surnomme « l’ile aux épices », trop occupés à tchatcher avec Clém, et à écouter du reggae sur le marche aux épices tout en faisant le plein de boules de cacao, de gingembre et d’extrait d’amandes… Juste assez pour voir qu’ici comme au Cap Vert le visage d’Obama s’étale partout sur des T-shirts ou des affiches, souligné d’un « our président » plein de fierté ; mais il est loin de rivaliser avec Bob Marley qui reste à jamais le roi des rois ! On ne peut s’empêcher de noter que la musique et les paroles de la superstar prennent infiniment plus de sens ici que chez nous, une bonne occasion pour réécouter quelques classiques d’une autre oreille…

Depuis le départ de Clémentine, nous nous sommes plongés dans des préparatifs logistiques en tous genres.
Pour faire court, la caisse de bord est vide, voir creuse. Heureusement il y a une solution à ce problème, j’ai re-signé avec mon boulot pour 6 mois, de mi Mai a mi Novembre. Ouf ! La vous pensez comme moi, elle est quand même hyper sympa cette nana, se sacrifier comme ca pour la suite du voyage… Mais non ! Je vous rassure tout de suite Benoit aussi va bosser ! Ok, il n’a pas encore trouvé de boulot… Mais il m’a promis que si il ne trouvait pas dans sa branche rapidement il prendrait tout ce qui se présente (sauf éplucheur de poulet, et je lui laisse volontiers ce joker...). Rajoutez la dessus une élection présidentielle qu’on n’a pas l’intention de rater, et nous voila avec une date butoir de retour pour la mi Avril ! D’ici la il nous restait à trouver un lieu sur (et adapté à notre bourse !) ou laisser Callisto pendant notre absence. Laisser le bateau sans surveillance, en pleine saison cyclonique, avec à bord la plupart de ce que nous possédons… pas une mince affaire ! Apres de multiples revirements de situations, nous avons décidé d’opter pour le trou à cyclone du marin, en Martinique.

Bienvenue en France !!



Des le 1er Avril nous devrons nous mettre au travail pour préparer « l’hivernage » du bateau, d’ici la nous profitons de la Martinique, que nous découvrons magnifique et incroyablement changeante d’une cote à l’autre. Bientôt l’occasion d’un nouveau message sur ce blog !

Merci à mon patron qui m’autorise à travailler à distance, merci à Clémentine et Nico qui nous ont aidés à trouver un logement sur Marseille, et merci à mes parents qui me laissent transformer mon ancienne chambre aixoise en bureau le temps d’un été… Pour notre plus grand bonheur, Marseille nous voila !




lundi 13 février 2012

Sous le soleil de la Barbade

Et voila quelques images et un petit récit de notre traversée...
(Cliquer sur le bouton play en bas à gauche de l'image pour lancer la vidéo...)





Le 22 Janvier à midi Callisto lève l’ancre dans la baie de Mindelo. L’harmatan souffle sur le Cap Vert, charge de sable qui se dépose en couche orangée sur tout ce qui nous entoure. En s’engageant dans l’etroit bras de mer à l’Ouest de Sao Vincente, on ne distingue même pas l’ile de San Antao juste en face. La visibilité est réduite à deux ou trois miles et le vent accélère dans la passe, une météo typique du coin ! Nous décidons de commencer la traversée sous génois seul, le temps de nous extraire de ces effets locaux et de voir ce que le large nous réserve de vent et de houle. Apres 24 heures de mer, la météo annoncée se confirme : il n’y a pas de houle et le vent est plutôt faible, de quoi commencer en douceur !

Et puis le ciel et la mer nous offrent de quoi continuer en douceur… La première semaine sera très calme, trop calme même par moment ! Le vent oscille entre 8 et 15 nœuds, nous espérions un peu plus mais Callisto est suffisamment légère pour en tirer 5 nœuds de vitesse moyenne, la ou la plupart des voiliers que nous avons croises jusqu’ici seraient quasiment arrêtés… Les jours se suivent tranquillement, et se ressemblent beaucoup !





Le quatrième jour, comme tout était un trop tranquille il a fallu que je mette un peu d’animation ! A quatre heures du matin je laisse ma tasse de the quasi bouillant sans surveillance une seconde de trop, une petite vague là dessus et je me retrouve avec une bonne brulure à l’intérieur du genou... pas très rassurant alors que nous sommes encore à 10 jours de la terre ! Ma jambe absorbe un tube de Biafine grand format entier et, rassures par les conseils de Jacques (le papa de Benoit) joint par téléphone satellite, nous « laissons la nature faire son travail ».
Plus d’exposition au soleil pour moi (en tout cas pas pour ma jambe gauche…), je passerai le reste de la Transat à l’intérieur à surveiller l’évolution de ma jambe qui change de couleur tous les jours… Tant pis, comme disent les Anglais « C’est la vie » !

Au bout d’une semaine le vent se lève, 20 nœuds établis sous un grand soleil, parfait ! Callisto s’est très sérieusement allégée depuis que nous avons commence à taper dans nos réserves d’eau et de boites de conserves, et ça se sent ! Nous commençons à filer à 7 ou 8 nœuds et à surfer à plus de 10 sur la petite houle de vent qui s’installe, le bateau glisse sur l’eau sans forcer, nous dormons moins facilement a cause des mouvements du bateau mais sommes heureux de voir les Miles défiler un peu plus rapidement !

Suite à notre étape au Cap Vert, seuls un kilo de tomates, une dizaine de pommes et quelques bananes remplissaient nos filets. Alors cette Transat c’est plutôt 5 fruits et légumes par semaines que 5 fruits et légumes par jour ! Pour nous qui sommes habitues à manger quasiment uniquement des fruits et des légumes, ca devient un peu rude…  Et je me surprends à rêver d’être en train de faire le petit marché avec ma mère à Aix, et d’en ramener des paniers entiers de produits frais...

Cote pêche nous avons compté pas moins de 24 poissons à bord ! Bon aller, si on enlève les 3 rapalas (leures en plastique en forme de poulpes) et la vingtaine de poissons volants suicidaires venus s’étaler sur le pont avec leurs yeux globuleux il nous reste… une belle dorade Corifene de trois kilo ! Je confirme pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de gouter, c’est très très bon une dorade corifene ! Malheureusement ca a aussi de bonnes dents et nos trois rapalas se sont fait bouffer par les dorades suivantes qui se sont  « envolées » avec, malgré nos fin de ligne équipées de câble… Tant pis !




Bien sur le temps se fait parfois long et le rythme de sommeil découpé en tranches de 3 heures est fatiguant. Au bout d’un moment nous commençons à manquer d’énergie, nous sentons un peu mollassons… On ne va quand même pas se plaindre d’avoir eu des conditions aussi idéales, mais il faut avouer que ce n’est pas facile de trouver la motivation et l’énergie pour rester actif quand le bateau se débrouille sans nous ! Les derniers jours, nous sommes plus dans l’attente que dans l’action… Mais la bonne nouvelle est que nous pouvons lire sans être malade, et du coup on en profite ! Merci à tous ceux qui nous ont offert de la lecture, la dizaine de bouquins avales aura change la tournure de notre traversée !!

Toujours pas réussi a finir le casse tête...
Les bouquins de la traversée...
Nous apercevons les premières lumières de la Barbade à la tombée de la nuit le 6 Février. Il nous faut contourner la pointe Sud pour atteindre la baie de Carlisle, protégée des alizes. Nous posons l’ancre à 3 heures du matin et profitons enfin d’une nuit de sommeil « à durée indéterminée ».
 Au réveil nous découvrons une eau turquoise et des tortues qui nagent autour des voiliers, goutons une eau à 25 dégrée qui rafraichi à peine des 30 degrés extérieurs… et découvrons que Canel , le voilier de Carole et Didier rencontrés à Sal, est mouillé juste à coté de nous !
Ca y est, nous sommes arrivés de l’autre cote… conscients d’avoir eu un gros coup de bol en ayant des conditions aussi idéales, partagés entre « Enfin ! » et « déjà fini ? »...

Avant de se détendre, passage obligé au port pour faire notre entrée auprès des douanes, des services de santé et de l’immigration. Il y a de quoi amarrer jusqu’à 3 bateaux de croisière d’une centaine de mètres, mais aucun équipement pour recevoir des voiliers. Benoit débarque tant bien que mal et je reste à bord pour surveiller comme je peux Callisto amarrée le long d’un immense quai. Malgré toutes nos aussières déployées, Callisto se fait plaquer contre le quai dans le ressac pendant une heure et demie… on s’en serait bien passé mais les autorités exigent que l’on amène le bateau sur place pour remplir les formalités, à se demander comment font les gens qui arrivent ici en solitaire…

Depuis c’est baignades quotidiennes et crème solaire obligatoire, session guitare pour Benoit et farniente pour moi. Les habitants de l’ile respirent la joie de vivre. Ici tout le monde semble rire de tout, et parait prêt à se trémousser sur du reggae à la moindre occasion, un verre de rhum à la main bien sur... Nous passons la plupart de nos soirées à refaire le monde sur Canel ou nous sommes accueillis comme des rois. 
Bref, c’est les vacances et on en profite sans compromis !